NEWARK, DELAWARE – Le prix Nobel de chimie feu Richard Smalley fut autrefois invité à classer les défis mondiaux par ordre d'urgence. En énumérant les préoccupations habituelles relatives à la pauvreté, à la faim, aux conflits et à l'accès aux ressources, il plaça la sécurité énergétique en tête de liste. Smalley a soutenu que tous les autres défis pouvaient être résolus, pourvu que nous soyons en mesure d'assurer des approvisionnements énergétiques fiables.
Aujourd'hui, à l'heure où les pays du G7 connaissent les effets en cascade de l'insécurité énergétique sur leurs économies et sur leurs institutions démocratiques, le monde apprend à ses dépens que Smalley avait raison. Nous disposons de moyens limités de gouvernance internationale ou de prise de décisions fondées sur la science en matière de sécurité énergétique. Espérons donc que le réveil brutal provoqué par la crise économique mondiale actuelle et la guerre en Ukraine conduira à une action internationale plus constructive et à des politiques énergétiques nationales sensées.
L'une des indications a été donnée le 6 juillet, lorsque le Parlement européen a voté la poursuite de la classification de l'énergie nucléaire et du gaz naturel comme « activités économiques durables pour l'environnement » dans le cadre des réglementations de « taxinomie » de l'Union européenne. Cette mesure a été adoptée par une faible majorité de 328 voix contre 278, dont 33 abstentions. Mais le fait qu'une telle question ait été mise aux voix, et – mieux encore – que le bon sens ait prévalu, représente un changement fondamental pour l'agenda de l'Europe en matière de protection de l'environnement.
La politique énergétique de l'UE illustre ce que les géographes appellent « l'amplification sociale du risque ». Peut-être plus particulièrement, la décision de l'Allemagne de mettre fin à l'énergie nucléaire domestique suite à l'accident de Fukushima en 2011 au Japon a été contraire aux conclusions d'un groupe d'experts des Nations Unies, qui n'a détecté aucun cluster causal de cancer lié à l'incident, même après dix ans de collecte détaillée des données. Le Japon lui-même a agi de manière plus raisonnable, en maintenant l'énergie nucléaire en ligne pour la production d'électricité de base.
Aussi bien au G7 qu'ailleurs, une mauvaise application du « principe de précaution » par les forces aux deux extrémités du spectre politique l'emporte trop souvent sur l'utilisation judicieuse de la science dans la prise de décision. Même les politiciens européens de droite gravitent autour du populisme environnemental, comme l'a démontré l'annulation par la Serbie cette année d'un projet d'extraction du lithium.
La décision du gouvernement serbe aura un impact négatif sur les perspectives d'énergies renouvelables, car les batteries lithium-ion sont essentielles pour le stockage des batteries dans les réseaux intelligents et les infrastructures vertes qui s'y rattachent. Aux Etats-Unis, en dépit de la litanie des décrets sur les minerais critiques, de nombreux projets restent en proie à des conflits environnementaux. Même la loi récemment adoptée sur la réduction de l'inflation fera face à des obstacles à sa mise en œuvre, car les groupes environnementaux sont déjà déterminés à s'opposer à ses dispositions minières.
Une grande partie de la bataille actuelle sur le changement climatique traduit un choc fondamental dans la compréhension par les gens de la relation entre la nature et l'ordre social et politique. Bien que les scientifiques déplorent à juste titre les « marchands de doute » de l'industrie des combustibles fossiles, une vision utopique des solutions linéaires dans la fourniture d'énergie a également contribué à notre impasse actuelle. Des activistes bien intentionnés comme Greta Thunberg ont fait un excellent travail pour sensibiliser les gens à l'environnement. Mais leur effort pour promouvoir l'éducation à l'environnement a été moins conluant.
Prenez par exemple le besoin d'alimentation électrique de base pour la livraison d'énergie. De nombreux critiques des subventions aux combustibles fossiles ne prêtent que peu d'attention au fait que seules l'énergie nucléaire et les combustibles fossiles ont la capacité de fournir une énergie significative en l'absence de fermes massives de batteries pour l'énergie solaire et éolienne ou d'infrastructures de stockage pour l'énergie hydroélectrique produite par pompage.
Les militants écologistes devront faire des concessions pour permettre l'extraction de métaux critiques pour cette infrastructure. Le recyclage lui-même implique une demande énergétique et le passage à une économie circulaire exige au départ que nous disposions d'un stock de matériaux suffisamment important pour le recyclage. Cela implique à son tour le défi de fabriquer des produits plus faciles à recycler. Nous devons calculer le compromis entre durabilité, recyclabilité et innovation pour les nouvelles technologies afin de déterminer le moment optimal pour ce que les économistes appellent « l'obsolescence planifiée ».
Compte tenu du large éventail de questions techniques et des tensions persistantes avec la Chine et la Russie, les pays du G7 devront mettre l'accent sur la coordination de la politique énergétique. Le G7 devrait d'abord établir un groupe scientifique axé sur la sécurité énergétique afin de guider les investissements dans une gamme diversifiée de sources. Les résultats du groupe devraient se fonder uniquement sur des contraintes scientifiques et techniques plutôt que sur des considérations politiques nationales. Une législation nationale, notamment des réglementations éminentes, pourrait également être nécessaire pour mettre en œuvre les recommandations du groupe.
Le sommet du G7 au Japon en de 2023 – un pays qui a fait preuve d'un pragmatisme remarquable dans la sécurisation et la diversification de son énergie – aura lieu dans moins d'un an. Un groupe de travail chargé de développer un groupe scientifique de ce genre devrait se tourner immédiatement vers le monde des affaires.
Les solutions concernant à la fois l'atténuation du changement climatique et la sécurité énergétique devraient maintenant être encadrées par des plans d'urgence à long terme pour un mélange énergétique diversifié qui soit conforme aux lois fondamentales de la nature, plutôt qu'à l'opportunisme politique. Le cliché du « tout se paie, il n'y a pas de miracle » est parfaitement juste lorsqu'il s'agit de répondre à la demande énergétique.
Les mécanismes existants comme le Traité sur la Charte de l'énergie, l'Agence internationale de l'énergieou l'Agence internationale pour les énergies renouvelables n'ont pas le mandat requis et ont de nombreux membres qui bénéficient du statu quo. Le G7, en revanche, a le potentiel de fixer des normes qui non seulement assurent la sécurité énergétique des principales économies avancées de la planète, mais également celui de créer un modèle scientifique réalisable à imiter par d'autres pays.
NEWARK, DELAWARE – Le prix Nobel de chimie feu Richard Smalley fut autrefois invité à classer les défis mondiaux par ordre d'urgence. En énumérant les préoccupations habituelles relatives à la pauvreté, à la faim, aux conflits et à l'accès aux ressources, il plaça la sécurité énergétique en tête de liste. Smalley a soutenu que tous les autres défis pouvaient être résolus, pourvu que nous soyons en mesure d'assurer des approvisionnements énergétiques fiables.
Aujourd'hui, à l'heure où les pays du G7 connaissent les effets en cascade de l'insécurité énergétique sur leurs économies et sur leurs institutions démocratiques, le monde apprend à ses dépens que Smalley avait raison. Nous disposons de moyens limités de gouvernance internationale ou de prise de décisions fondées sur la science en matière de sécurité énergétique. Espérons donc que le réveil brutal provoqué par la crise économique mondiale actuelle et la guerre en Ukraine conduira à une action internationale plus constructive et à des politiques énergétiques nationales sensées.
L'une des indications a été donnée le 6 juillet, lorsque le Parlement européen a voté la poursuite de la classification de l'énergie nucléaire et du gaz naturel comme « activités économiques durables pour l'environnement » dans le cadre des réglementations de « taxinomie » de l'Union européenne. Cette mesure a été adoptée par une faible majorité de 328 voix contre 278, dont 33 abstentions. Mais le fait qu'une telle question ait été mise aux voix, et – mieux encore – que le bon sens ait prévalu, représente un changement fondamental pour l'agenda de l'Europe en matière de protection de l'environnement.
La politique énergétique de l'UE illustre ce que les géographes appellent « l'amplification sociale du risque ». Peut-être plus particulièrement, la décision de l'Allemagne de mettre fin à l'énergie nucléaire domestique suite à l'accident de Fukushima en 2011 au Japon a été contraire aux conclusions d'un groupe d'experts des Nations Unies, qui n'a détecté aucun cluster causal de cancer lié à l'incident, même après dix ans de collecte détaillée des données. Le Japon lui-même a agi de manière plus raisonnable, en maintenant l'énergie nucléaire en ligne pour la production d'électricité de base.
Aussi bien au G7 qu'ailleurs, une mauvaise application du « principe de précaution » par les forces aux deux extrémités du spectre politique l'emporte trop souvent sur l'utilisation judicieuse de la science dans la prise de décision. Même les politiciens européens de droite gravitent autour du populisme environnemental, comme l'a démontré l'annulation par la Serbie cette année d'un projet d'extraction du lithium.
La décision du gouvernement serbe aura un impact négatif sur les perspectives d'énergies renouvelables, car les batteries lithium-ion sont essentielles pour le stockage des batteries dans les réseaux intelligents et les infrastructures vertes qui s'y rattachent. Aux Etats-Unis, en dépit de la litanie des décrets sur les minerais critiques, de nombreux projets restent en proie à des conflits environnementaux. Même la loi récemment adoptée sur la réduction de l'inflation fera face à des obstacles à sa mise en œuvre, car les groupes environnementaux sont déjà déterminés à s'opposer à ses dispositions minières.
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Une grande partie de la bataille actuelle sur le changement climatique traduit un choc fondamental dans la compréhension par les gens de la relation entre la nature et l'ordre social et politique. Bien que les scientifiques déplorent à juste titre les « marchands de doute » de l'industrie des combustibles fossiles, une vision utopique des solutions linéaires dans la fourniture d'énergie a également contribué à notre impasse actuelle. Des activistes bien intentionnés comme Greta Thunberg ont fait un excellent travail pour sensibiliser les gens à l'environnement. Mais leur effort pour promouvoir l'éducation à l'environnement a été moins conluant.
Prenez par exemple le besoin d'alimentation électrique de base pour la livraison d'énergie. De nombreux critiques des subventions aux combustibles fossiles ne prêtent que peu d'attention au fait que seules l'énergie nucléaire et les combustibles fossiles ont la capacité de fournir une énergie significative en l'absence de fermes massives de batteries pour l'énergie solaire et éolienne ou d'infrastructures de stockage pour l'énergie hydroélectrique produite par pompage.
Les militants écologistes devront faire des concessions pour permettre l'extraction de métaux critiques pour cette infrastructure. Le recyclage lui-même implique une demande énergétique et le passage à une économie circulaire exige au départ que nous disposions d'un stock de matériaux suffisamment important pour le recyclage. Cela implique à son tour le défi de fabriquer des produits plus faciles à recycler. Nous devons calculer le compromis entre durabilité, recyclabilité et innovation pour les nouvelles technologies afin de déterminer le moment optimal pour ce que les économistes appellent « l'obsolescence planifiée ».
Compte tenu du large éventail de questions techniques et des tensions persistantes avec la Chine et la Russie, les pays du G7 devront mettre l'accent sur la coordination de la politique énergétique. Le G7 devrait d'abord établir un groupe scientifique axé sur la sécurité énergétique afin de guider les investissements dans une gamme diversifiée de sources. Les résultats du groupe devraient se fonder uniquement sur des contraintes scientifiques et techniques plutôt que sur des considérations politiques nationales. Une législation nationale, notamment des réglementations éminentes, pourrait également être nécessaire pour mettre en œuvre les recommandations du groupe.
Le sommet du G7 au Japon en de 2023 – un pays qui a fait preuve d'un pragmatisme remarquable dans la sécurisation et la diversification de son énergie – aura lieu dans moins d'un an. Un groupe de travail chargé de développer un groupe scientifique de ce genre devrait se tourner immédiatement vers le monde des affaires.
Les solutions concernant à la fois l'atténuation du changement climatique et la sécurité énergétique devraient maintenant être encadrées par des plans d'urgence à long terme pour un mélange énergétique diversifié qui soit conforme aux lois fondamentales de la nature, plutôt qu'à l'opportunisme politique. Le cliché du « tout se paie, il n'y a pas de miracle » est parfaitement juste lorsqu'il s'agit de répondre à la demande énergétique.
Les mécanismes existants comme le Traité sur la Charte de l'énergie, l'Agence internationale de l'énergieou l'Agence internationale pour les énergies renouvelables n'ont pas le mandat requis et ont de nombreux membres qui bénéficient du statu quo. Le G7, en revanche, a le potentiel de fixer des normes qui non seulement assurent la sécurité énergétique des principales économies avancées de la planète, mais également celui de créer un modèle scientifique réalisable à imiter par d'autres pays.