Le président Bush a demandé aux Américains de ne pas “jouer à la politique” en cette période de terrible désastre national. Mais poser des questions embarrassantes aux dirigeants de notre nation est exactement ce qu'exige la démocratie, au moment où la réponse du gouvernement à l'ouragan Katrina est largement considérée comme “une honte nationale.”
Katrina a annoncé son arrivée au moins deux jours à l'avance, mais les autorités ont tardé à lancer un ordre d'évacuation. Aucun moyen de transport n'était disponible pour ceux qui n'avaient ni argent, ni voiture ; les installations d'accueil et de soin des réfugiés étaient insuffisantes, les forces nécessaires n'étaient pas en place pour délivrer les provisions absolument indispensables ou pour assurer l'ordre, et le nombre de bateaux, d'hélicoptères et autres équipements nécessaires au sauvetage de ceux qui se retrouvaient bloqués était loin de suffire.
Entravée par une Garde nationale dont 40% des effectifs se trouvent en Irak, la vitesse de mobilisation des militaires aux zones les plus touchées a été d'une lenteur hors du commun. Pendant quatre jours, il n'y a tout simplement eu aucun centre de commandes et de contrôle clair. En conséquence, de nombreuses victimes ont souffert et sont mortes.
Cet échec est en grande partie imputable aux politiques du gouvernement de Bush, qui a efficacement érodé les capacités de l'Agence fédérale de gestion des cas d'urgence (Federal Emergency Management Agency, FEMA), agence gouvernementale dont la mission première est de gérer les désastres. Obsédée par la guerre contre le terrorisme ainsi que par l'idéologie de privatisation des fonctions gouvernementales, l'administration a systématiquement sapé la capacité de la FEMA à éviter les désastres sur le long terme ou au moins à amortir les chocs lorsque la prévention reste possible.
La FEMA a été restreinte et rétrogradée de sa position de cabinet, avant d'être placée sous l'égide du Département de sécurité nationale. Sa mission de planification et de préparation aux catastrophes a été totalement évincée, au profit de la lutte contre les terroristes. Ses dirigeants n'ont aucune expérience de gestion des catastrophes. Le directeur précédent était un des copains politiques texans de Bush, et les qualifications du directeur actuel incluent la tâche de commissaire auprès des juges et du service d'ordre de l'International Arabian Horse Association, d'où il a été forcé de démissionner pour “défaut de surveillance.”
Depuis 2001, des milliards de dollars ont été reportés de l'aide à la gestion des catastrophes à la sécurité nationale et à la guerre en Irak. Les programmes-clés de secours en cas de désastre ont vu leur budget fondre comme neige au soleil et les fonds fédéraux ont été diminués de moitié. Le budget de l'Army Corps of Engineers pour la construction de digues à la Nouvelle-Orléans a été pillé, notamment les fonds spécifiquement alloués au Contrôle des inondations urbaines du sud-ouest de la Louisiane. Les mesures de prévention visant à protéger la population et les propriétés n'ont pas été mises en œuvre malgré les conclusions de la FEMA même en 2001, spécifiant qu'un important ouragan qui frapperait la Nouvelle-Orléans était l'un des trois “désastres les plus probables et les plus catastrophiques qui pourraient frapper ce pays.”
At a time of escalating global turmoil, there is an urgent need for incisive, informed analysis of the issues and questions driving the news – just what PS has always provided.
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Convaincu que la FEMA constituait un “programme social démesuré” et que “le travail du gouvernement n'est pas de fournir des services,” le premier directeur de la FEMA de Bush a institué des exigences d'approvisionnement extérieurs dans le cadre d'un important effort de privatisation. Ce phénomène a provoqué une fuite des cerveaux car de nombreux cadres de la FEMA se sont orientés vers le secteur privé.
La privatisation a aussi mis les États et les communautés les plus pauvres dans une situation particulièrement vulnérable. À mesure que les financements se tarissaient et que les programmes fédéraux étaient remis entre les mains d'entreprises privées à des tarifs plus élevés, seuls les États et les communautés les plus riches et politiquement conséquents avaient les moyens de prétendre aux rares allocations fédérales nécessaires pour payer les services.
Par exemple, la Floride (qui possède 16 voix de plus que la Louisiane et dont le gouverneur est le frère du Président) a reçu les financements demandés pour protéger ses marécages. En revanche, la Louisiane, qui a des besoins plus conséquents (avec son incroyable taux de pauvreté de 24 %), s'est vu en 2004 refuser sa requête de fonds destiné à éviter les inondations. Étant donné que la capacité de la Louisiane à se protéger était affaiblie et le centre de gestion des catastrophe sapé, la réponse inadaptée du gouvernement et les destructions superflues étaient presque inévitables. Et ce sont les pauvres qui en ont payé le prix.
Mais les raisons de l'échec de cette administration dépassent le détournement volontaire et chronique des ressources des programmes destinés à protéger les populations des catastrophes. Malgré les preuves scientifiques prouvant que l'intensité et la fréquence croissante des ouragans sont liées aux changements climatiques, l'administration Bush rejette toute participation à des programmes internationaux visant à préserver le climat. Plutôt que de respecter l'interdiction d'aménagement des marécages instituée par les administrations précédentes, celle de Bush a choisi de la supprimer. L'érosion provoquée par le développement urbain a rapproché de 30 km le Golfe du Mexique des terres par rapport à 1965, les ouragans sont capables de concentrer plus de force et de provoquer vents et vagues à la vitesse et à la puissance destructrice toujours plus fortes.
De même, la réduction des marécages menaçait les digues de la Nouvelle-Orléans, bâties sur le principe que 60 à 80 km de marécages protecteurs jouent le rôle de tampon entre la ville et le Golfe du Mexique. En dépit de toutes les études majeures montrant qu'un programme de réhabilitation des côtes de grande ampleur et de construction de digues plus hautes était nécessaire pour protéger la Nouvelle-Orléans, le gouvernement a permis aux agences fédérales de cesser de protéger 8 000 ha de marécages, aux promoteurs d'assécher des centaines d'hectares et en 2004 a réduit de plus de 80 % les financements destinés à retenir les eaux du lac Pontchartrain.
La Nouvelle-Orléans a tiré la sonnette d'alarme de l'Amérique. Les idéologies de privatisations, qui empêchent de gouverner efficacement et permettent aux privilégiés de sauver leur peau alors que les pauvres doivent grimper sur les toits, doivent aujourd'hui être remises en question. Ce désastre est un rappel effroyable de ce qui arrive lorsqu'un gouvernement échoue à protéger ses citoyens, et il est impératif que les Américains demandent des comptes. Les fonctionnaires qui n'ont pas fait leur travail doivent être renvoyés, et les élus dont les politiques ont aggravé la dévastation infligée par Katrina congédiés. Nous le devons aux morts et aux survivants.
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US President Donald Trump’s import tariffs have triggered a wave of retaliatory measures, setting off a trade war with key partners and raising fears of a global downturn. But while Trump’s protectionism and erratic policy shifts could have far-reaching implications, the greatest victim is likely to be the United States itself.
warns that the new administration’s protectionism resembles the strategy many developing countries once tried.
It took a pandemic and the threat of war to get Germany to dispense with the two taboos – against debt and monetary financing of budgets – that have strangled its governments for decades. Now, it must join the rest of Europe in offering a positive vision of self-sufficiency and an “anti-fascist economic policy.”
welcomes the apparent departure from two policy taboos that have strangled the country's investment.
Le président Bush a demandé aux Américains de ne pas “jouer à la politique” en cette période de terrible désastre national. Mais poser des questions embarrassantes aux dirigeants de notre nation est exactement ce qu'exige la démocratie, au moment où la réponse du gouvernement à l'ouragan Katrina est largement considérée comme “une honte nationale.”
Katrina a annoncé son arrivée au moins deux jours à l'avance, mais les autorités ont tardé à lancer un ordre d'évacuation. Aucun moyen de transport n'était disponible pour ceux qui n'avaient ni argent, ni voiture ; les installations d'accueil et de soin des réfugiés étaient insuffisantes, les forces nécessaires n'étaient pas en place pour délivrer les provisions absolument indispensables ou pour assurer l'ordre, et le nombre de bateaux, d'hélicoptères et autres équipements nécessaires au sauvetage de ceux qui se retrouvaient bloqués était loin de suffire.
Entravée par une Garde nationale dont 40% des effectifs se trouvent en Irak, la vitesse de mobilisation des militaires aux zones les plus touchées a été d'une lenteur hors du commun. Pendant quatre jours, il n'y a tout simplement eu aucun centre de commandes et de contrôle clair. En conséquence, de nombreuses victimes ont souffert et sont mortes.
Cet échec est en grande partie imputable aux politiques du gouvernement de Bush, qui a efficacement érodé les capacités de l'Agence fédérale de gestion des cas d'urgence (Federal Emergency Management Agency, FEMA), agence gouvernementale dont la mission première est de gérer les désastres. Obsédée par la guerre contre le terrorisme ainsi que par l'idéologie de privatisation des fonctions gouvernementales, l'administration a systématiquement sapé la capacité de la FEMA à éviter les désastres sur le long terme ou au moins à amortir les chocs lorsque la prévention reste possible.
La FEMA a été restreinte et rétrogradée de sa position de cabinet, avant d'être placée sous l'égide du Département de sécurité nationale. Sa mission de planification et de préparation aux catastrophes a été totalement évincée, au profit de la lutte contre les terroristes. Ses dirigeants n'ont aucune expérience de gestion des catastrophes. Le directeur précédent était un des copains politiques texans de Bush, et les qualifications du directeur actuel incluent la tâche de commissaire auprès des juges et du service d'ordre de l'International Arabian Horse Association, d'où il a été forcé de démissionner pour “défaut de surveillance.”
Depuis 2001, des milliards de dollars ont été reportés de l'aide à la gestion des catastrophes à la sécurité nationale et à la guerre en Irak. Les programmes-clés de secours en cas de désastre ont vu leur budget fondre comme neige au soleil et les fonds fédéraux ont été diminués de moitié. Le budget de l'Army Corps of Engineers pour la construction de digues à la Nouvelle-Orléans a été pillé, notamment les fonds spécifiquement alloués au Contrôle des inondations urbaines du sud-ouest de la Louisiane. Les mesures de prévention visant à protéger la population et les propriétés n'ont pas été mises en œuvre malgré les conclusions de la FEMA même en 2001, spécifiant qu'un important ouragan qui frapperait la Nouvelle-Orléans était l'un des trois “désastres les plus probables et les plus catastrophiques qui pourraient frapper ce pays.”
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La privatisation a aussi mis les États et les communautés les plus pauvres dans une situation particulièrement vulnérable. À mesure que les financements se tarissaient et que les programmes fédéraux étaient remis entre les mains d'entreprises privées à des tarifs plus élevés, seuls les États et les communautés les plus riches et politiquement conséquents avaient les moyens de prétendre aux rares allocations fédérales nécessaires pour payer les services.
Par exemple, la Floride (qui possède 16 voix de plus que la Louisiane et dont le gouverneur est le frère du Président) a reçu les financements demandés pour protéger ses marécages. En revanche, la Louisiane, qui a des besoins plus conséquents (avec son incroyable taux de pauvreté de 24 %), s'est vu en 2004 refuser sa requête de fonds destiné à éviter les inondations. Étant donné que la capacité de la Louisiane à se protéger était affaiblie et le centre de gestion des catastrophe sapé, la réponse inadaptée du gouvernement et les destructions superflues étaient presque inévitables. Et ce sont les pauvres qui en ont payé le prix.
Mais les raisons de l'échec de cette administration dépassent le détournement volontaire et chronique des ressources des programmes destinés à protéger les populations des catastrophes. Malgré les preuves scientifiques prouvant que l'intensité et la fréquence croissante des ouragans sont liées aux changements climatiques, l'administration Bush rejette toute participation à des programmes internationaux visant à préserver le climat. Plutôt que de respecter l'interdiction d'aménagement des marécages instituée par les administrations précédentes, celle de Bush a choisi de la supprimer. L'érosion provoquée par le développement urbain a rapproché de 30 km le Golfe du Mexique des terres par rapport à 1965, les ouragans sont capables de concentrer plus de force et de provoquer vents et vagues à la vitesse et à la puissance destructrice toujours plus fortes.
De même, la réduction des marécages menaçait les digues de la Nouvelle-Orléans, bâties sur le principe que 60 à 80 km de marécages protecteurs jouent le rôle de tampon entre la ville et le Golfe du Mexique. En dépit de toutes les études majeures montrant qu'un programme de réhabilitation des côtes de grande ampleur et de construction de digues plus hautes était nécessaire pour protéger la Nouvelle-Orléans, le gouvernement a permis aux agences fédérales de cesser de protéger 8 000 ha de marécages, aux promoteurs d'assécher des centaines d'hectares et en 2004 a réduit de plus de 80 % les financements destinés à retenir les eaux du lac Pontchartrain.
La Nouvelle-Orléans a tiré la sonnette d'alarme de l'Amérique. Les idéologies de privatisations, qui empêchent de gouverner efficacement et permettent aux privilégiés de sauver leur peau alors que les pauvres doivent grimper sur les toits, doivent aujourd'hui être remises en question. Ce désastre est un rappel effroyable de ce qui arrive lorsqu'un gouvernement échoue à protéger ses citoyens, et il est impératif que les Américains demandent des comptes. Les fonctionnaires qui n'ont pas fait leur travail doivent être renvoyés, et les élus dont les politiques ont aggravé la dévastation infligée par Katrina congédiés. Nous le devons aux morts et aux survivants.