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Le retour de Xi vers le passé

BERLIN – D’importants changements étendent leur ombre sur la Chine. Le système politique du pays sera bientôt soumis à une profonde réforme, qui ne dépend plus que de l’accord final (pour ainsi dire une formalité) du Congrès du parti communiste chinois (PCC), l’an prochain. Le président Xi Jinping, secrétaire général du PCC et « pilote » du pays, a fixé un nouveau cap, abandonnant le principe de la direction collective. Xi détourne la Chine de la route prise par Deng Xiaoping après la terreur de la révolution culturelle, et revient au système du pouvoir absolu d’un seul, illimité dans le temps, à l’image de celui qu’exerça Mao Tsé-Toung.

D’un point de vue occidental, ces évolutions peuvent sembler triviales : le monopole politique du PCC demeure, ne laissant aucune possibilité de démocratisation véritable. Mais pour la Chine – qui sera bientôt la première économie du monde et l’une des deux superpuissances de ce siècle (avec les États-Unis) – ces récents développements marquent le retour à un passé désastreux. L’élévation officielle de Xi à la même grandeur que Mao annonce le passage de l’autoritarisme à la dictature personnelle. Compte tenu de l’extension considérable de la puissance et de l’importance stratégique de la Chine depuis le règne de Mao, cette transformation aura des conséquences profondes pour le reste du monde.

Jusqu’à présent, le PCC semble être parvenu à combiner le système du parti unique avec le consumérisme à l’occidentale. L’idéologie communiste a été mise au second plan par la prospérité collective et les fortunes individuelles, et il en est né un système hybride et fructueux mêlant des éléments empruntés tant à l’économie de marché qu’à l’économie nationalisée – tout cela sous la surveillance jalouse et sans partage du PCC.

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