yhuang10_ John LamparskiNurPhoto via Getty Images_cubans for trump John Lamparski/NurPhoto via Getty Images

Trump a construit à l’extrême-droite une coalition arc-en-ciel

BOSTON – Si le 20 janvier Donald Trump fera ses valises et quittera la Maison Blanche, il n’en aura pas moins présidé à un réveil autoritaire dans de larges segments de la population américaine, qui ne se rendormiront pas de longtemps, même après son départ. Trump a non seulement déployé une rhétorique raciste, sexiste, homophobe, xénophobe et islamophobe, mais il l’a intégrée pour de bon dans sa politique. Et cela n’a pas empêché 74 millions d’Américains de voter pour lui en 2020.

Il est encore plus frappant que les sondages de sortie des urnes suggèrent que Trump a de fait gagné des soutiens dans tous les groupes qu’il a vilipendés, insultés et blessés, rassemblant plus de suffrages chez les hispaniques et les musulmans qu’en 2016. Les Américains d’origine asiatique se sont aussi repositionnés par rapport à Trump et ont voté pour lui dans une proportion plus importante qu’en 2016. Et Trump, en 2010, a remporté 55 % des voix des femmes blanches.

Dans une tribune publiée par le Washington Post au lendemain des élections, Fareed Zakaria affirmait que les différentes minorités ethniques et religieuses ne formaient pas un groupe monolithique et que, par conséquent, dans les unes ou les autres, on était séduit par Trump pour des raisons indépendantes de l’appartenance à l’une ou l’autre. Mais c’est aborder la question sous un angle trompeur. Trump a créé sa coalition arc-en-ciel et ses partisans sont plus aveuglément loyaux que ceux du président élu Joe Biden. Ce qu’il faut se demander, c’est ce qui réunit les partisans de Trump appartenant à des minorités, les uns aux autres, mais aussi ce qui les lie à ses partisans blancs.

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