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Les banques centrales encore très en retard par rapport à l'inflation

NEW YORK – Les grandes banques centrales sont aujourd’hui perdues dans le cadre de leur mandat de stabilité des prix. En avril, l’inflation de l’indice des prix à la consommation (IPC) aux États-Unis sur 12 mois s’élevait à 8,3 %, en légère baisse par rapport aux 8,5% du mois de mars, et la jauge privilégiée par la Réserve fédérale américaine en matière d’inflation, à savoir l’indice de base des dépenses de consommation personnelle (qui exclut l’alimentaire et l’énergie), atteignait 4,9 %, contre 5,2 % en mars. Or, la manière dont procède la Fed constitue précisément l’inverse de ce qu’elle devrait faire.

Après avoir rehaussé la zone cible de 50 points de base concernant le taux des fonds fédéraux, pour le porter à 0,75-1 %, lors de sa réunion du mois de mai, le Comité fédéral de l’open market (CFOM) a indiqué son intention d’appliquer à nouveau des hausses de 50 points de base lors de ses réunions de juin et juillet. D’après le compte rendu de la réunion de mai, tous les participants ont convenu que l’économie américaine était très solide, le marché du travail extrêmement tendu, et l’inflation bien supérieure à l’objectif. Or, ils ont décidé qu’il incombait au CFOM d’« orienter rapidement la politique monétaire vers une position neutre » (nous soulignons).

Deux problèmes interviennent ici. Premièrement, il est nécessaire que la Fed adopte une position de politique monétaire restrictive, pas une position neutre. Au lieu de cela, le CFOM se contente de noter qu’« une position politique neutre pourrait se révéler appropriée en fonction de l’évolution des perspectives économiques, et des risques associés à ces perspectives ». Deuxièmement, il n’y a rien de rapide dans la mise en œuvre de deux hausses supplémentaires de 50 points de base. La limite haute du taux directeur s’élèvera encore à seulement 2 %, en dessous d’un taux neutre que le consensus estime à 2,5 % (la somme d’un taux réel neutre de 0,5 % et d’un objectif d’inflation de 2 %).

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