acemoglu57_ChesnotGetty Images_big tech Chesnot/Getty Images

Comment réparer l'économie des plateformes ?

BOSTON – Meta (Facebook), Alphabet (Google), Microsoft, Twitter et quelques autres entreprises technologiques ont fini par dominer ce que nous voyons et entendons sur l'internet, façonnant ainsi la perception du monde de centaines de millions de personnes. En quête de revenus publicitaires, leurs algorithmes sont programmés pour nous montrer des contenus qui retiendront notre attention – y compris des vidéos extrémistes, de la désinformation et du matériel conçu pour stimuler la jalousie, l'insécurité et la colère. Avec le développement rapide de "grands modèles de langage" tels que ChatGPT et Bard, l'emprise de Big Tech sur les esprits influençables ne fera que se renforcer, avec des conséquences potentiellement effrayantes.

Cependant, d'autres résultats sont possibles. Les entreprises pourraient déployer la dernière vague d'intelligence artificielle de manière beaucoup plus responsable. Deux affaires judiciaires actuelles servent d’ailleurs d'avertissement à ceux qui poursuivent des modèles commerciaux socialement destructeurs. Mais nous avons également besoin d'interventions des pouvoirs publics pour démanteler les plus grandes entreprises technologiques et taxer la publicité numérique. Ces leviers politiques peuvent contribuer à modifier le modèle commercial pernicieux de Big Tech, empêchant ainsi les plateformes d'infliger autant de dommages émotionnels à leurs utilisateurs, en particulier aux jeunes vulnérables.

Les affaires juridiques comprennent l'affaire Gonzales contre Google, qui est actuellement examinée par la Cour suprême des États-Unis. L'enjeu est l'insistance de l'industrie technologique sur le fait que la Section 230 de la Loi de 1996 sur la décence des communications (Communications Decency Act) exempte les plateformes de toute responsabilité pour les contenus de tiers qu'elles hébergent. Si les plateformes se comportent davantage comme des organes d'information que comme de simples dépôts en ligne lorsqu'elles recommandent des vidéos, des tweets ou des messages, elles devraient être soumises aux mêmes normes que les médias établis, qui, en vertu des lois existantes sur la diffamation, ne sont pas autorisés à publier ce qu'ils savent être faux.

https://prosyn.org/5kMrTVffr