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La promesse de la démocratie sud-africaine

BOSTON – À l’heure où de nombreuses démocraties se trouvent menacées, il est important de mettre en lumière les exemples de réussite. L’Afrique du Sud n’est sans doute pas le premier pays à venir à l’esprit du plus grand nombre en tant que modèle de démocratie. Elle le devrait pourtant. En 28 ans depuis la fin de l’apartheid en 1994, l’Afrique du Sud a en effet développé un régime multiracial et pluraliste, caractérisé par un parlement multipartite, une justice indépendante, la liberté de la presse, une solide société civile, ainsi qu’un large filet de sécurité sociale.

Beaucoup présupposent l’inverse. Les sujets internationaux d’actualité évoquent souvent une Afrique du Sud dominée par une criminalité violente et par la corruption du gouvernement, instillant partout à travers le monde une image erronée du pays. Certains observateurs locaux vont jusqu’à parler de l’Afrique du Sud comme d’un « État failli ». Or, si le pays connaît évidemment certaines difficultés, il ne saurait être comparé aux États véritablement en échec. Nous ne devons pas non plus oublier sur quelles bases l’Afrique du Sud débutait il y a près de 30 ans.

Entre la création de l’Afrique du Sud moderne en 1909 et l’élection de Nelson Mandela à la présidence du pays en 1994, une minorité raciale a maintenue une suprématie politique par la force juridique et la violence. L’économie a permis aux Blancs de prospérer, tandis que la majorité noire est restée terriblement pauvre, privée d’un niveau comparable d’éducation et d’opportunités d’emploi. Le gouvernement limitait la circulation et le quotidien de la population noire de manière encore plus stricte que sous le régime de ségrégation des lois Jim Crow dans les États américains du sud.

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