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Comment réduire l'emprise de Poutine sur l'Europe

BRUXELLES – Face aux menaces d’une invasion russe de l’Ukraine, les États-Unis ont pris l’initiative, plongeant les responsables de l’Union européenne dans l’embarras. Non seulement l’Europe est absente de la table des négociations, se lamentent ces derniers, mais c’est sa sécurité qui figure au menu.

À la vérité, l’UE n’a pas les moyens de discuter avec le président russe Vladimir Poutine. Elle se veut une « puissance douce » postmoderne, et Poutine ne reconnaît que la puissance « dure ». Quand bien même l’Europe disposerait d’instruments de soft power, elle ne pourrait les utiliser, car elle dépend du gaz russe pour s’éclairer – et se chauffer.

Le gazoduc Nord Stream 2, dont la construction s’est récemment achevée, et qui peut acheminer le gaz directement depuis la Russie vers l’Allemagne, en passant par la mer Baltique, est aujourd’hui au centre de l’attention : il constitue une potentielle monnaie d’échange diplomatique. Si, selon certains, le projet offrirait à la Russie un ascendant démesuré sur l’Europe, d’autres espèrent qu’au contraire la crainte de devoir y renoncer, alors que le gazoduc n’est pas encore opérationnel, s’avérera suffisante pour dissuader Moscou d’envahir l’Ukraine.

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