soll2_Chris J RatcliffeGetty Images_liztruss Chris J Ratcliffe/Getty Images

Britannia détraquée

LOS ANGELES – On trouve de nombreuses variantes du libre marché. Adam Smith le considérait comme une branche de la philosophie morale. Ayn Rand l’a intègré à la pop philosophie. Milton Friedman lui-même était le premier à admettre que le capitalisme du libre marché est idéaliste. L’idée qu’il suffit de libérer le capital des contraintes qui pèsent sur lui pour créer une société libre et prospère comporte indubitablement un aspect utopique.

Mais pour qui a lu Britannia Unchained (« Britannia libérée de de ses chaînes »), le manifeste de 2012 qu’ont écrit Liz Truss, la Première ministre du Royaume-Uni et Kwasi Kwarteng, le chancelier de l’Échiquier, avec d’autres députés du parti conservateur, l’économie du libre marché se teinte de couleurs proprement dystopiques.

Si l’on met de côté leur mise en garde contre l’emprunt public, susceptible de provoquer une hausse des taux d’intérêt et de faire chuter l’investissement, dont, paradoxalement Truss et Kwarteng n’on pas tenu compte lorsqu’ils ont élaboré leur « mini-budget », Britannia Unchained a rompu les amarres avec la réalité économique. Ce n’est qu’une étrange mixture de clichés de l’ère victorienne sur la charité qu’on se doit à soi-même, de platitudes randiennes et de pseudo-faits, présentée dans un style qui serait celui d’une sorte de flux de conscience.

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