livingston1_Kent Nishimura  Los Angeles Times via Getty Images_supreme court Kent Nishimura / Los Angeles Times via Getty Images

Le retour des anti-fédéralistes

NEW YORK – Être Américain, c’est se disputer sur ce que signifie être Américain. À la période même de notre création, nous n’avions presque rien en commun. Nous ne partageons ni origine nationale, ni dénomination religieuse, ni profil ethnique. Tout ce dont nous disposons, ce sont plusieurs moyens de définir « Nous, le peuple des États-Unis » – ceux qui, d’après la Constitution, constituent la source de la souveraineté, au sein d’un État conçu comme le serviteur plutôt que le maître de la société.

C’est la raison pour laquelle la Constitution a toujours sous-tendu une controverse politique. Depuis son adoption, jusqu’à la guerre de Sécession et la Reconstruction (lorsqu’elle fut réinventée par les trois « freedom amendments »), puis la reconnaissance au XXe siècle des droits non énumérés, la Constitution a toujours structuré le discours politique des Américains. C’est pourquoi il est aujourd’hui si frappant, et probablement périlleux, de constater qu’un consensus idéologique naissant reprenne le flambeau des anti-fédéralistes, qui s’opposèrent autrefois au remplacement des Articles de Confédération postindépendance par la Constitution.

Ce consensus émerge depuis quelques années. Plusieurs figures influentes, de droite comme de gauche, remettent aujourd’hui en question l’accord constitutionnel de 1787-1790, et, plus important encore, réfutent ses résultats.

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