woods32_Katherine ChengSOPA ImagesLightRocket via Getty Images_chinawuhancoronavirus Katherine Cheng/SOPA Images/LightRocket via Getty Images

La dimension politique des virus

OXFORD – Avant même que le nouveau coronavirus fasse la une des médias, un rapport de  l’Organisation mondiale de la santé (OMS) mettait en garde contre le fait que le monde n’était pas prêt à faire face à une « pandémie d'agents pathogènes respiratoires virulents se propageant rapidement » qui pourrait tuer de 50 et 80 millions de personnes, provoquer la panique, déstabiliser la sécurité nationale et avoir de graves répercussions sur l'économie et le commerce mondiaux. L’expérience des quelques 200 dernières années a démontré que seule une action concertée des gouvernements est en mesure d’enrayer efficacement  une telle pandémie – et même alors, seulement si les citoyens les soutiennent et leur font confiance. Cette conjoncture met en évidence trois défis que devront relever les dirigeants politiques pour combattre la maladie infectieuse due au nouveau coronavirus, désormais connue sous le nom de COVID-19.

Le premier défi pour les responsables politiques est de choisir entre une attitude déterminée et l'adoption de mesures fondées sur des faits scientifiques qui nécessitent d’être patiemment expliqués à un public sceptique. Les gouvernements de plusieurs pays, dont l'Inde, le Nigeria, le Japon et les États-Unis, ont par exemple choisi la première option et mis en place des contrôles on ne peut plus visibles de la température de tous les passagers arrivant dans leurs aéroports. Mais les voyageurs contaminés peuvent tout simplement masquer leur état en utilisant des médicaments pour réduire la fièvre. En outre, les chercheurs chinois soupçonnent que le COVID-19 est contagieux jusqu'à 24 jours avant qu’une personne infectée ne présente des symptômes.

Une mesure plus radicale encore a été prise le 31 janvier par l’administration du président américain Donald Trump avec l’interdiction d’entrée temporaire sur le territoire américain de tous les ressortissants étrangers qui se sont rendus en Chine au cours des 14 derniers jours, à moins qu’ils ne soient des parents immédiats de citoyens américains ou des résidents permanents. Plusieurs autres pays ont pris des mesures similaires, mais leurs conséquences pourraient être tout à fait contraires à l’effet recherché.

https://prosyn.org/vZfZqqNfr