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"La Chine à venir" en manque de confiance

NEW HAVEN – Lors des 25 dernières années, j'ai fait preuve d'un optimisme à tout crin quant à l'économie chinoise. Mais je commence à avoir des doutes. Le gouvernement de la Chine s'en prend à l'un de ses secteurs les plus dynamiques, celui des nouvelles technologies - le moteur de l'économie chinoise d'aujourd'hui. Les mesures qu'il a prises récemment reflètent un problème plus profond : le gouvernement tente de brider les entreprises de haute technologie et de contenir l'énergie des entrepreneurs du secteur, au point de menacer le Rêve chinois du président Xi Jinping : faire de l'Empire du Milieu "un grand pays socialiste et moderne" d'ici 2049.

Au début, les autorités semblaient s'inquiéter surtout d'une situation particulière, celle de Jack Ma, le fondateur irrévérencieux d'Alibaba, la plus grande plateforme de commerce électronique du monde, un mastodonte. Lors du Forum financier de Shanghai fin octobre 2020, il a franchi la ligne rouge en parlant de "mentalité de maison de prêt sur gage" au sujet des banques chinoises. Au début du mois suivant, les autorités chinoises ont suspendu deux jours avant la date prévue l'introduction en Bourse de 37 milliards de dollars d'Ant Group, la filiale d'Alibaba spécialisée dans le payement en ligne. Cinq mois plus tard, Alibaba a été condamné à verser une amende record de 2,8 milliards de dollars pour "abus de position dominante".

Et c'est aujourd'hui le tour de Didi Chuxing. Didi, le Uber chinois, a eu l'audace de lever 4,4 milliards de dollars sur les marchés financiers américains, malgré les objections qu'auraient opposées les autorités chinoises. Ces dernières ont contraint l'entreprise à retirer au moins 25 de ses applications de l'Internet chinois, et on parle maintenant d'une amende qui pourrait dépasser celle imposée à Alibaba, voire de son éventuel retrait de la Bourse.

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