fofack10_ Michael M. SantiagoGetty Images_inflationprices Michael M. Santiago/Getty Images

Inflation : le grand arbitrage

LE CAIRE – Le 4 mai, la Réserve fédérale des États-Unis augmentait ses taux directeurs d’un demi-point de pourcentage, affirmant ainsi de manière volontariste son intention de faire baisser une inflation annuelle en forte hausse, puisqu’elle atteint actuellement 8,3 %, son niveau le plus élevé depuis quarante ans. Quant à la zone euro, elle connaît elle aussi une inflation record, mesurée en avril, d’une année sur l’autre, à 7,5 % selon les premières estimations.

Ces hausses de prix aussi importantes que vives – accélérées par la guerre en Ukraine – réveillent le spectre de la stagflation et pourraient affaiblir significativement le pouvoir d’achat des ménages. Les groupes vulnérables à faibles revenus seront probablement les plus touchés, parce qu’ils n’ont qu’un accès limité aux marchés financiers, ce qui rend pour eux plus difficile de lisser leur consommation. En outre, en raison de l’augmentation des prix des produits de base, qui constituent l’essentiel du panier de la consommation des ménages à faibles revenus, l’écart d’inflation entre riches et pauvres – un phénomène que les économistes nomment « inégalité devant l’inflation » – pourrait encore se creuser.

Voici seulement quelques mois, l’objectif de stabilité n’avait pas, tant s’en faut, la priorité dans l’arbitrage entre croissance et inflation. Les banques centrales, affirmait-on, devaient continuer à concentrer leurs efforts sur la reprise économique qui suivait la pandémie. Aujourd’hui, la question principale est de savoir si les responsables de la politique monétaire en font assez pour combattre l’inflation. Pour ce qui concerne les banques centrales de taille systémique, on peut difficilement soutenir qu’elles ont correctement estimé les risques qui sont apparus.

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