slaughter72_Jean-Pierre REYGamma-Rapho via Getty Images_isis online Jean-Pierre Rey/Gamma-Rapho via Getty Images

L’EI 2.0 et la guerre de l’information

WASHINGTON – En décembre 2018, le président des États-Unis Donald Trump déclarait avoir remporté la bataille contre l’organisation État islamique (EI) et tweetait : « L’EI est largement vaincue et les autres pays de la région, y compris la Turquie, devraient être capables de s’occuper facilement de ce qu’il en reste. Nous rentrons chez nous. » Et dans les trois premiers mois de l’année, Trump a déclaré ou tweeté seize fois que l’EI était soit totalement vaincue, soit le serait bientôt.

Or des voix discordantes s’élèvent dans l’État. En août, les trois inspecteurs généraux du département de la Défense, du département d’État et de l’Agence pour le développement international ont présenté au Congrès un rapport conjoint sur l’opération Inherent Resolve, la campagne contre l’EI conduite par les États-Unis en Syrie et en Irak, pour la période allant du 1er avril au 30 juin de cette année. Voici leur conclusion : « Malgré le territoire perdu, des milliers de combattants de l’EI sont encore en Irak et en Syrie, commettent des attentats et travaillent à reconstruire leurs capacités. »

La résurgence de l’EI tient pour une part aux décisions prises par Trump en décembre 2018, à savoir le retrait de toutes les troupes américaines de Syrie et leur réduction de moitié en Afghanistan, qui se sont traduites par la démission du secrétaire à la Défense James Mattis et ont affaibli les facultés qu’avaient les partenaires régionaux des États-Unis pour la sécurité de mener des opérations antiterroristes. En Irak, l’EI regroupe et constitue des cellules terroristes clandestines dans des zones stratégiques des provinces de Bagdad, de Ninive et d’Anbar et sur le cours moyen de l’Euphrate. En Syrie, l’organisation organise de puissantes contre-offensives dans les provinces de Raqqa et de Homs et cherche par tous les moyens à établir une zone refuge.

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